Tuesday, October 18, 2005

Un expert de l'ONU invite la tunisie à libérer les personnes emprisonnées pour avoir exercé la liberté d'expression

Le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression de la Commission des droits de l'homme, M. Ambeyi Ligabo, a fait 14 octobre 2005 une déclaration concernant la situation en Tunisie, ou se tiendra, du 16 au 18 novembre prochains, la phase finale du Sommet mondial sur la société de l'information.


M. Ligabo rappelle que la réunion de Tunis sera marquée par un effort essentiel visant à assurer un avenir meilleur aux pays les moins développés grâce à l'exploitation des ressources de l'Internet. Les accords sur la gouvernance de l'Internet et son financement seront au cœur des discussions décisives et pourraient marquer le début d'une nouvelle ère en matière de liberté d'opinion et d'expression grâce à une meilleure diffusion et une disponibilité plus large de l'information.

Dans ce contexte, le Rapporteur spécial souligne qu'il a reçu, dans le cadre de son mandat, des informations concernant des violations en matière de liberté d'opinion et d'expression en Tunisie. Des cas récents concernent notamment l'interdiction du congrès d'un syndicat de journalistes, la condamnation à la prison d'un avocat pour avoir publié des articles controversés, et des campagnes de dénigrement contre des militants des droits de l'homme, en particulier en rapport avec l'exercice du droit à la liberté d'expression et d'association. M. Ligabo se dit également préoccupé par la polarisation de l'opinion et le manque de dialogue avec la presse, deux éléments qui pourraient sérieusement compromettre tout progrès s'agissant de la liberté des médias dans le pays.

Le Rapporteur spécial demande notamment au Gouvernement tunisien de prendre des mesures efficaces pour la promotion d'un réel pluralisme, notamment pour renforcer la liberté de la presse dans le pays; garantir le plein accès à l'information aux professionnels de l'information et au public en général afin d'améliorer la transparence et la sensibilisation du public; s'assurer que toutes les personnes travaillant dans les médias puissent exercer leur profession sans entrave ni restriction; adopter une législation pour décriminaliser la diffamation, notamment en adoptant des normes en matière de proportionnalité et en infligeant les amendes.

M. Ligabo invite des professionnels des médias, en particulier les journalistes et reporters, à adopter un code d'éthique qui devrait viser à encourager un dialogue ouvert et à favoriser un esprit fondé sur l'échange d'information au sein de la profession.

À la veille du Sommet mondial sur la société de l'information, le Rapporteur spécial sur la liberté d'expression invite le Gouvernement de la Tunisie à libérer sans condition tous les détenus d'opinion et de la presse et de permettre le plein exercice de la liberté d'opinion et d'expression dans le pays.