Thursday, September 23, 2004

French Canadian Views of the UNESCO Convention

The following extract is from an article in the Montreal paper, Le Devoir. The former International Relations minister of Quebec, Louise Baudoin is calling both the French and the Quebec governments to give more teeth to the text in discussion at UNESCO. Otherwise, she says, it will have no effect and remain subordinated to the WTO regime.

The present minister of Canadian Heritage Liza Frulla seems to adopt an opposite position, saying that the Convention cannot have precedence over trade agreements. She doesn’t “want to polarize the debate” at UNESCO.



«Au moins, livrons bataille!»
Si Québec ne fait rien, la convention sur la diversité culturelle sera sans effet, dit Louise Beaudoin
-->Christian RiouxÉdition du jeudi 23 septembre 2004

Paris -- Louise Beaudoin n'a rien perdu de sa combativité. Alors qu'elle sera décorée aujourd'hui de la Légion d'honneur à l'Assemblée nationale française par son président, Jean-Louis Debré, l'ancienne ministre des Relations internationales du Québec interpelle le gouvernement québécois ainsi que la France. Ceux-ci doivent donner des dents au projet de convention sur la diversité culturelle actuellement discuté à l'UNESCO, dit-elle, sinon, il sera sans effet.

«Ce projet n'est pas celui que demandait la société civile, dit-elle. Nous avons toujours réclamé que la diversité culturelle soit protégée par un instrument international contraignant.» Selon Louise Beaudoin, aujourd'hui professeur associé au département d'histoire de l'UQAM, s'il n'est pas modifié, le projet rendu public en août «ne sera qu'une autre convention de l'UNESCO sans aucun effet. Ce n'est pas pour ça que je me suis battue depuis six ans». Le texte qui devrait être adopté en octobre 2005 vise à garantir le droit des États de protéger la création culturelle contre l'envahissement étranger, essentiellement américain. Ce projet est examiné depuis lundi par les représentants des 190 États membres de l'Organisation des nations unies responsables de la culture.

En entrevue hier à Paris, la ministre canadienne du Patrimoine, Liza Frulla, prenait le contre-pied de Louise Beaudoin en affirmant que cette convention ne peut pas avoir préséance sur les traités existants. Elle préférait parler d'une convention qui serait «aussi contraignante» que les accords commerciaux sans préciser s'il fallait modifier le projet pour lui donner cette portée. «Ce n'est pas le temps de polariser le débat.»

Louise Beaudoin n'est pas de cet avis. [.....] Selon Louise Beaudoin, le texte actuel donne à l'OMC le gros bout du bâton. «Chaque fois qu'il y aura conflit entre la protection de la culture et les traités commerciaux, c'est l'OMC qui décidera.»

C'est d'autant plus évident, dit Mme Beaudoin, que le projet ne propose aucun organisme de règlement des litiges. Le texte se contente d'énumérer des formes de conciliation sans proposer la création d'un véritable tribunal responsable, comme à l'OMC.

«C'est encore l'OMC qui va décider, dit Louise Beaudoin. Si on avait voulu cela, on serait allé porter nos revendications à l'OMC et non pas à l'UNESCO.» [.....] Louise Beaudoin craint qu'on ne détourne la convention de son sens afin de permettre aux États-Unis de la signer.

On sait que les Américains sont redevenus membres de l'UNESCO l'an dernier. «J'aime mieux penser que les Américains sont avec nous», déclarait d'ailleurs la ministre Frulla dans une entrevue publiée hier par le quotidien Le FigaroEtre francophone en Amérique, c'est un exploit») [....] Louise Beaudoin somme le gouvernement du Québec de sortir de son silence. «Il reste un an et il faut que quelqu'un porte le ballon. [...] Le Québec a là un bel espace à occuper. Ce serait son rôle de réveiller tout le monde. Il faut oser. [...] Il faut une diplomatie d'enfer. C'est jouable.» La ministre québécoise de la Culture, Line Beauchamp, brillait par son absence cette semaine à l'UNESCO.

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